Le président Roch Marc Christian Kabore s’apprête à nommer un nouveau gouvernement après le départ du Premier ministre dans un contexte de recrudescence de la violence des groupes armés.
Le Burkina Faso est confronté à un vide politique face à l’escalade de la crise sécuritaire qui a fait des milliers de morts et entraîné des manifestations de rue.
Le Premier ministre Christophe Joseph Marie Dabiré a présenté mercredi sa démission au Président Roch Marc Christian Kabore, ce qui a entraîné la démission de l’ensemble du gouvernement, comme le prévoit la loi.
Cette démission intervient dans un contexte d’aggravation du conflit qui s’est propagé ces dernières années dans la partie occidentale de la région du Sahel, laissant dans son sillage une crise humanitaire aiguë.

Que s’est-il passé ?
Le bureau présidentiel a déclaré que M. Kabore avait reçu une lettre de démission de M. Dabire datée du 8 décembre. Au vu de cette lettre, le président a décrété la « cessation des fonctions » du Premier Ministre, a déclaré un responsable gouvernemental à la télévision publique.
Cette annonce fait suite à un ultimatum fixé par l’opposition, qui s’est engagée à poursuivre les manifestations de rue en l’absence de changement à la tête du pays.
Les groupes d’opposition avaient appelé à la démission de Kaboré en raison de la crise sécuritaire. Les critiques disent que le renvoi de Dabire est une tentative de détourner la responsabilité.
Le mois dernier, à la veille de manifestations anti-gouvernementales, M. Kaboré avait souligné la nécessité d’un cabinet « plus fort » face à la menace croissante de violence.
Qui est Christophe Dabiré ?
Christophe Dabiré était auparavant le représentant du Burkina Faso auprès de l’Union économique et monétaire ouest-africaine, composée de huit pays. Dans les années 1990, il a été ministre de l’ex-président Blaise Compaoré, alors que M. Kaboré était lui-même Premier ministre.

Dabiré a été nommé Premier Ministre dans le cadre d’un remaniement début 2019 coïncidant avec une vague croissante d’attaques dans le pays. Il est resté à ce poste après la réélection de Kaboré pour son second mandat en janvier 2021. Kaboré a été mis sous pression pour effectuer des changements et a déjà remanié la direction de son armée.
En juillet 2021, à la suite d’attaques meurtrières, il avait limogé les ministres de la défense et de la sécurité. Le départ de Dabiré semble être une extension de la même purge.
Quelle est la situation en matière de sécurité ?
De nombreux pays du Sahel sont aux prises avec des changements climatiques extrêmes qui entraînent des sécheresses récurrentes ayant des effets dévastateurs sur les populations déjà vulnérables qui vivent dans cette région sous-développée.
Ces dernières années, certaines parties du Sahel occidental ont également été sous le feu des projecteurs internationaux en raison d’une « boule de feu de conflits » qui implique de multiples groupes terroristes armés, des campagnes militaires menées par les armées nationales et les partenaires internationaux ainsi que des milices locales.

Au Burkina Faso, pays appauvri de quelque 20 millions d’habitants, les attaques menées par des groupes armés liés à ISIL (ISIS) et à Al-Qaïda ont déplacé plus d’un million de personnes.
La colère suscitée par la situation en matière de sécurité a débordé depuis novembre, lorsque des hommes armés affiliés à Al-Qaïda ont tué 49 gendarmes et quatre civils à Inata, dans la pire attaque contre l’armée de mémoire récente.
Le public a été enragé par la nouvelle selon laquelle les troupes étaient restées deux semaines sans rations alimentaires.
Que va-t-il se passer ?
Le gouvernement sortant est tenu de rester en fonction jusqu’à la formation d’un nouveau gouvernement. Un nouveau cabinet – plus restreint – devrait être annoncé avant dimanche, date à laquelle le Burkina Faso célèbrera son indépendance.
Après sa démission, M. Dabiré a exhorté les citoyens à « soutenir le président (…) et le nouvel exécutif qui sera mis en place » dans un message publié sur sa page Facebook.
« Je reste convaincu que c’est dans l’unité d’action que nous pourrons relever les défis auxquels notre pays et notre peuple sont confrontés« , a-t-il déclaré.