Le géophysicien de 58 ans doit prendre ses fonctions dans un contexte de mécontentement populaire croissant face aux violences meurtrières qui secouent le pays.
Le Président du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kabore, a nommé Lassina Zerbo comme nouveau Premier Ministre du pays, selon un décret. M. Zerbo, géophysicien de 58 ans et ancien chef d’un important organisme de surveillance nucléaire, doit prendre ses fonctions face au mécontentement croissant de la population face à la crise sécuritaire qui sévit au Burkina Faso depuis des années.
» Le Président … décrète : Lassina Zerbo est nommé Premier ministre« , a déclaré le porte-parole du gouvernement, Stéphane Wenceslas Sanou, en lisant le décret à la télévision.
Une nouvelle composition du gouvernement est attendue dans les prochains jours.
M. Zerbo a été secrétaire exécutif de l’Organisation du traité d’interdiction complète des essais nucléaires (OTICE), basée à Vienne, de 2013 à août.
Il est relativement inconnu de la plupart des Burkinabè, mais a acquis une reconnaissance à l’étranger pour ses efforts en faveur de l’interdiction des essais nucléaires explosifs.
Pressé de procéder à des changements, M. Kaboré a renvoyé le Premier Ministre Christophe Dabiré mercredi, dernier bouleversement en date d’un remaniement du leadership qui a inclus des hauts gradés militaires.
L’opposition et les groupes de la société civile ont exprimé à plusieurs reprises leurs mécontentements quant à la gestion de la crise sécuritaire par le gouvernement, descendant dans la rue pour demander à Kaboré de démissionner.
Fin novembre, dix personnes ont été blessées, dont un enfant et deux journalistes, lorsque la police a utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser des centaines de manifestants dans la capitale, Ouagadougou.
Escalade de la violence
Le Burkina Faso est au cœur d’un conflit qui a balayé une grande partie de la région aride du Sahel, tuant des milliers de personnes, forçant des millions d’autres à quitter leurs foyers.
Malgré les efforts des armées régionales et de l’ancienne puissance coloniale française, les attaques de groupes armés liés à ISIL (ISIS) et à Al-Qaïda se poursuivent sans relâche, laissant les communautés locales vulnérables.

Au Burkina Faso, le pic de la violence a été atteint le mois dernier lorsque des dizaines de personnes, pour la plupart des gendarmes, ont été tuées dans le nord du pays.
Deux semaines avant d’être attaqués, les gendarmes avaient prévenu le quartier général qu’ils manquaient de fournitures et qu’ils devaient piéger des animaux pour se nourrir.
Ils attendaient en vain depuis plusieurs jours l’arrivée d’une force de secours lorsqu’ils ont été attaqués par des centaines de terroristes à bord de pick-up et de motos, selon les comptes rendus des combats.
Avant la nomination du nouveau Premier ministre, vendredi soir, M. Kaboré avait appelé tous les Burkinabè à se mobiliser pour vaincre le terrorisme.
« Je lance un appel, à toutes les filles et tous les fils de notre nation, à soutenir l’effort de guerre, chacun selon ses capacités« , avait-il déclaré, sans donner plus de détails.
Jeudi en fin de journée, les armées du Burkina Faso et du Niger voisin ont déclaré avoir tué une centaine de terroristes lors d’une opération militaire conjointe contre des groupes armés à la frontière entre le 25 novembre et le 9 décembre.
Elles ont également démantelé deux bases, une de chaque côté de la frontière, ont-elles indiqué dans un communiqué commun.
Kaboré a été élu pour la première fois en 2015, un an après que son prédécesseur Blaise Compaoré, qui s’est emparé du pouvoir en 1987, ait été chassé par des manifestations de masse pour avoir cherché à modifier la constitution afin de rester en poste.