L’Elysée a annoncé vendredi que le président français ne se rendra pas au Mali pour rencontrer le président de la transition Assimi Goita et fêter Noël avec les troupes françaises, comme initialement prévu, en raison de la reprise de l’épidémie en France. A quatre mois de l’élection présidentielle, l’exécutif a aussi voulu éviter une rencontre diplomatique périlleuse.
Le président français Emmanuel Macron a annulé vendredi un voyage au Mali pour rencontrer le chef de la transition, le colonel Assimi Goita, après que la France ait annoncé de nouvelles mesures pour lutter contre la pandémie.
Macron devait rencontrer Goita lundi, pour la première fois depuis que le colonel malien a prêté serment en juin après avoir mené le deuxième coup d’État du pays en moins d’un an.
Macron était également censé rendre une visite de Noël aux troupes françaises stationnées dans le pays pour lutter contre une insurrection djihadiste.
« Cette décision a été prise par souci de cohérence entre les mesures annoncées au niveau national et l’agenda international du président, et pour ne pas exposer nos troupes » alors que la France lutte contre une cinquième vague du virus, a indiqué le bureau du président dans un communiqué.
Le cabinet a toutefois précisé qu’un repas de Noël préparé par le chef cuisinier du président serait envoyé par avion aux militaires français stationnés dans le pays sahélien.
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Il a ajouté que l’organisation de la rencontre avec la Goita avait été délicate avant même l’annulation. Ni Paris ni Bamako ne se sont mis d’accord sur le format de la visite. Selon nos informations, l’Elysée souhaitait associer le président en exercice de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest, la CEDEAO, ainsi que le président du G5 Sahel. Macron souhaitait rencontrer Goita en présence du président ghanéen Nana Akufo-Addo et du dirigeant tchadien Mahamat Idriss Deby Itno, mais le Tchad a refusé ce format.
Le Tchad et d’autres pays voisins sont également impliqués dans la lutte contre les djihadistes.
La visite prévue intervient à un moment tendu dans les relations entre la France et le Mali. Paris est très préoccupé par la possibilité que des mercenaires russes soient déployés dans le pays africain alors que la France commence à y réduire ses troupes.
Il s’agissait de montrer que le problème du Mali ne se pose pas qu’avec la France mais avec ses partenaires de la région. Cependant, le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, a exigé un face-à-face. Il s’agissait très certainement de renforcer son image auprès de l’opinion publique. « Le Covid aura été le juge de la paix« , souffle-t-on presque soulagé dans l’entourage du président Macron.
Des manifestations anti-françaises évitées
Soulagé car à Bamako, Emmanuel Macron se serait aussi exposé à de très probables manifestations anti-françaises. A quelques mois de l’élection présidentielle, cela aurait constitué un coumouflet de plus pour Macron. Le président français ne fêtera donc pas Noël avec les troupes Barkhane stationnées à Gao, comme le veut la coutume.