La France va faire pression sur l’Union européenne pour qu’elle adopte des sanctions à l’encontre du Mali a déclaré mercredi le ministre français des affaires étrangères.
Jean-Yves Le Drian a déclaré dans une interview à l’AFP que le Mali risquait d’être « asphyxié » si la junte militaire de ce pays d’Afrique de l’Ouest n’assumait pas ses responsabilités et ne cherchait pas à « tromper » les partenaires du pays.
Le Drian, dont le pays assure la présidence tournante de l’UE, a déclaré que les mesures de l’UE seraient conformes aux sanctions sans précédent convenues avec le bloc économique ouest-africain CEDEAO, que Paris a fortement soutenu.
« Nous allons proposer d’appliquer ces sanctions au niveau européen, à la fois celles contre les dirigeants maliens mais aussi les mesures économiques et financières« , a déclaré Le Drian.
Il a ajouté que la question serait discutée par les ministres des affaires étrangères de l’UE lors d’une réunion dans la ville française de Brest à partir de jeudi, ajoutant que le Mali était désormais une « question européenne« .
La France s’apprête à réduire les forces déployées au Mali et dans la région pour lutter contre une insurrection djihadiste, au profit d’une force multinationale appelée Takuba, qui comprend des troupes d’États de l’UE.
Des partenaires trompés
Outre la fermeture des frontières et l’imposition d’un embargo commercial, les voisins régionaux du Mali ont également coupé leur aide financière et gelé les avoirs du pays à la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest.
Cette décision fait suite à la proposition faite le mois dernier par le gouvernement intérimaire du Mali de rester au pouvoir jusqu’à cinq ans avant d’organiser des élections, et ce malgré les demandes de la communauté internationale de respecter sa promesse d’organiser des élections en février.
« La junte tente de tromper tous ses partenaires« , a déclaré M. Le Drian, notant la façon dont Bamako a fait appel à l’aide des mercenaires russes Wagner ainsi que le glissement « inacceptable » du calendrier électoral.
« C’est maintenant à la junte de prendre ses responsabilités. Sinon, elle prend le risque de voir ce pays s’asphyxier« .
Alors que la France cherche déjà à resserrer l’étau sur les dirigeants militaires, la compagnie nationale Air France a déclaré mercredi que, conformément aux décisions officielles, elle suspendait jusqu’à nouvel ordre ses vols à destination et en provenance du Mali.
Les relations du Mali avec ses voisins et partenaires n’ont cessé de se détériorer depuis le coup d’État mené par le colonel Assimi Goita en août 2020 contre le président élu du pays, Ibrahim Boubacar Keita.
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Sous la menace de sanctions, Goita avait promis d’organiser des élections présidentielles et législatives et de rétablir un régime civil avant février 2022.
Mais il a organisé un second coup d’État de facto en mai 2021, chassant un gouvernement civil provisoire et perturbant le calendrier de rétablissement de la démocratie, tout en se déclarant président par intérim.
Le président Emmanuel Macron a déclaré mardi que les « sanctions sans précédent » de la CEDEAO étaient le signe d’une « profonde condamnation du comportement de la junte militaire » au Mali et de son « échec absolu » à respecter ses engagements.
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