Les pays membres de l’initiative d’Accra envisagent la mise sur pied de nouvelles mesures communes contre l’insécurité grandissante dans la région.
Face à la recrudescence des attaques au Bénin, le président Patrice Talon a annoncé, jeudi 10 février 2022, le renforcement de son plan de riposte intérieur contre les groupes armées terroristes.
Une réponse commune avec les pays voisins est également prévue, surtout dans la zone frontalière du Parc W, partagée avec le Niger et le Burkina Faso. Ce qui justifie ses récentes rencontres et les initiatives avec ses homologues de la sous-région.
Le 9 janvier 2022, Patrice Talon a eu un tête à tête avec ses pairs du Niger, du Ghana et du Burkina et a fait une escale à Abidjan pour rencontrer le président Alassane Ouattara le 16 janvier alors qu’il était en route pour Paris et Bruxelles. Il s’est également rendu deux fois à Accra au sommet de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), où il a l’habitude de se faire représenter.
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Depuis le 06 décembre dernier, les armées du Bénin et du Togo ont renforcé leur coopération sur le terrain et planifient des actions à leurs frontières communes.
De plus, le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Togo, pays membres de l’initiative d’Accra créée en 2017, se sont réunis en janvier à Accra. Le but de la rencontre était de mettre sur pied une opération conjointe des armées des cinq pays pour « démanteler et mettre hors d’état de nuire les groupes armés terroristes et les groupes criminels organisés » qui opèrent dans les zones frontalières communes.
L’opération sera baptisée « Koudanlgou renforcée », du nom d’un village du Burkina Faso.
En rappel, 09 morts dont un ancien militaire français et 12 blessés ont été enregistrés la semaine dernière suite à l’explosion d’engins explosifs improvisés au parc W du Bénin.
D’après les sources officielles, cela fait au total trois engins explosés par mines artisanales en une semaine. En représailles, 40 djihadistes impliqués dans ces attaques ont été éliminés au Burkina Faso par les forces de l’opération Barkhane.
Risque de propagation du djihadisme
Depuis le début de l’année, deux attaques djihadistes ont frappé le nord du Bénin, après deux autres répertoriées fin 2021. En janvier, deux soldats béninois ont été tués lorsque leur véhicule a été visé par une attaque à la bombe artisanale dans le département de l’Atakora, dans le nord du pays.
En février 2020, des hommes armés avaient attaqué un poste de police dans un village proche de la frontière avec le Burkina, faisant un mort.
Les autorités avaient alors évoqué une attaque de « braconniers ». Le parc national du W est contigu au parc de la Pendjari où deux touristes français avaient été enlevés par des bandits en 2019, avant d’être « revendus » à des groupes djihadistes au Burkina Faso voisin. Leur guide local avait été assassiné.
Cette dégradation de la situation sécuritaire confirme les craintes que des groupes jihadistes de la région cherchent à progresser vers la côte. Selon un rapport du think tank néerlandais Clingendael publié en juin dernier, certains groupes armés « parcourent régulièrement les trois provinces [du nord du pays : Alibori, Atacora et Borgou], disposent de moyens logistiques et ont développé des liens avec des individus au Bénin ».
Un constat qui fait du Bénin, après la Côte d’Ivoire, « le second pays le plus touché par la présence et la circulation des groupes jihadistes » appartenant au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) et à l’État islamique au Grand Sahara (Eigs).