La cour d’appel de Casablanca a confirmé mercredi soir la condamnation en première instance de l’ancien rédacteur en chef du quotidien «Akhbar Al Youm». La défense du journaliste dénonce les « failles » de l’accusation et envisage de se pourvoir en cassation.
La dernière séance du procès de Soulaimane Raissouni s’est tenue ce mercredi 23 février 2022. Au terme d’une audience qui a duré huit heures, la Cour d’appel de Casablanca a confirmé la peine de première instance à laquelle le journaliste a été condamné.
Accusé d’« agression sexuelle » sur un jeune homme se disant homosexuel, il écope de cinq ans de prison ferme et du versement de 100 000 dirhams (environ 9 500 euros) d’indemnisations à la partie civile.
Les soutiens de M. Raissouni dénoncent un procès injuste et promettent de poursuivre le combat. Les avocats des deux parties prévoient de se pourvoir en cassation pour contester cette peine.
Pour rappel, Soulaimane Raissouni était passible d’une peine maximale de dix ans de prison ferme, conformément au code pénal marocain qui condamne l’attentat à la pudeur avec violence à « la réclusion de cinq à dix ans ».
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L’éditorialiste de 49 ans, connu pour son ton critique envers les autorités, a toujours rejeté les charges retenues contre lui devant le tribunal, estimant être poursuivi « à cause de ses opinions ».
Une affirmation rejetée par les autorités marocaines. Bien que le journaliste ait relevé les points sur lesquels le plaignant se serait contredit, le parquet a considéré que les preuves de sa culpabilité étaient « irréfutables ».
« Ce jugement est la preuve qu’on veut se venger de M. Raissouni. Nous sommes très déçus, on s’attendait à ce qu’il soit innocenté au regard de l’ensemble des failles exposées tout au long du procès », a souligné Me Miloud Kandil, membre des avocats de la défense, à la sortie de la cour d’appel de Casablanca.
Pour les avocats de la partie civile, cette confirmation est une déception. « Nous ne sommes pas satisfaits même si les dommages et intérêts ont été confirmés. Cette somme ne saurait rendre justice à une personne ayant été victime d’agression sexuelle… Le jugement n’était pas équitable en faveur de la victime, qui a subi un viol et un attentat à la pudeur… Nous avons interjeté appel du verdict déjà rendu en première instance, mais malheureusement il a été confirmé », déplore Me Aïcha El Guellaa, qui a précisé que « le déroulement du procès a obéi aux critères de garantie de l’équité ».
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Une conférence de presse est prévue ce jeudi 25 février au siège de l’Association marocaine des droits des victimes afin de commenter les différents aspects du procès du point de vue de la partie civile.
L’ancien rédacteur en chef du journal « Akhbar Al Yaoum » n’est pas le seul journaliste marocain poursuivi pour des accusations similaires.
Omar Radi et Taoufik Bouachrine, ont été condamnés à de lourdes peines de prison ferme pour des agressions sexuelles qu’ils nient. M. Radi, dont le procès en appel est en cours, est également accusé d’« espionnage ». Le Maroc occupe la 136e place sur 180 pays du classement mondial de la liberté de la presse de RSF.