Le gouvernement malien a décrété un deuil national de trois jours à la suite de l’attaque djihadiste la plus meurtrière depuis plusieurs mois. Plusieurs institutions et personnalités ont condamné cette attaque.
Le camp de Mondoro dans le centre du Mali a été attaqué dans la matinée du vendredi 4 mars vers 05H30 GMT. Selon un communiqué de l’armée, cette attaque a fait 27 morts, 33 blessés dont 21 graves, et sept portés disparus, parmi les soldats. Les blessés ont été transportés vers un hôpital du centre du Mali pour recevoir des soins d’urgence.
La même source ajoute que 47 assaillants ont été « neutralisés » dans la matinée et 23 autres l’ont été à la suite d’un « ratissage sur les sanctuaires terroristes« . « La dynamique offensive de recherche et de destruction des sanctuaires terroristes se poursuivra sans relâche », ont assuré les forces armées maliennes.
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Depuis l’annonce de cette attaque, des messages de soutien, émanant notamment de la classe politique et société civile, ont été adressés à l’armée qui a perdu des hommes. Le gouvernement a décrété un deuil national de trois jours à compter du 5 mars 2022.
Les ressortissants de Mondoro résidant à Bamako ont annoncé l’organisation d’une réunion dimanche pour témoigner leur soutien aux populations de cette localité et à l’armée nationale. La mission des nations unies au Mali (Minusma) a condamné l’attaque du Mondoro, tout en réitérant ‘’son engagement aux côtés des Maliens dans leur quête légitime de paix et stabilité’’.
« C’est triste ce qui s’est passé à Mondoro, mais il fallait s’y attendre. Parce que nous sommes face à des gens à la limite invisible. Nous sommes face à des terroristes en perdition, prêts à tout pour se défendre.« , explique Mohamedy Dioula Dramé, habitant de Mondoro.
En rappel, plus de 30 soldats avaient été tués en mars 2021 à Tessit dans une telle opération, revendiquée par l’organisation Etat islamique. Toutefois, au cours des derniers mois, les pertes humaines rapportées dans les rangs de l’armée avaient diminué.
Les autorités avaient rassuré sur leurs capacités à lutter contre les groupes armés qui écument des pans entiers du pays depuis 2012. L’armée revendique d’ailleurs la mort de dizaines de djihadistes ces derniers mois.
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Le camp de Mondoro, proche de la frontière avec le Burkina Faso, a été plusieurs fois par le passé la cible d’attaques de groupes djihadistes qui opèrent dans la zone depuis plusieurs années. Il se trouve dans l’un des principaux foyers de la violence qui est parti du nord du Mali avec des insurrections indépendantiste et djihadiste en 2012 et s’est étendue au centre, au Burkina et au Niger voisins.
Les habitants dénoncent une situation de blocus imposé par les djihadistes, malgré la présence de l’armée. Depuis 2019, le village de Mondoro est isolé et les télécommunications sont des plus aléatoires. Une opération contre ce camp et celui de Boulkessi, proche, avait fait une cinquantaine de morts parmi les soldats en septembre 2019.
D’après certaines sources, les populations vivent dans la crainte d’une nouvelle attaque. « Nous sommes très inquiets parce que d’autres attaques ne sont pas à exclure dans cette zone. La zone est fortement menacée. », a déclaré Oumar Ongoïba à News365, secrétaire général de l’Association des jeunes pour le développement de Mondoro.
Deux tiers du territoire malien échappent au contrôle de l’Etat. La propagation djihadiste, sous affiliation d’Al-Qaïda ou de l’organisation Etat islamique, commence à toucher plus au sud, la Côte d’Ivoire ou le Bénin par exemple, menaçant de gagner le Golfe de Guinée.
Les agissements djihadistes, les violences intercommunautaires, les bavures de l’armée, ont fait des milliers de morts, civils et militaires, et des centaines de milliers de déplacés. L’insécurité contribue à l‘instabilité politique. Après le Mali à deux reprises depuis août 2020, le Burkina Faso a été le théâtre d’un putsch en janvier dernier.