Après 35 jours de captivité, le Professeur Jean-Baptiste Dhetchuvi Matchu a été libéré ce lundi par les miliciens du mouvement Coopérative pour le développement du Congo (CODECO).
Le professeur Jean-Baptiste Dhechuvi, ancien député et membre de la délégation congolaise retenue en otage depuis plus d’un mois en Ituri a été libéré lundi 21 mars 2022, « principalement pour raison de santé« , selon un communiqué du porte-parole de la « Task force pour la paix, la réconciliation et la reconstruction de l’Ituri« , Pitchout Mbodina Iribi.
La délégation comprend notamment deux colonels et trois anciens chefs de guerre à savoir Thomas Lubanga, Floribert Ndjabu et Germain Katanga, jadis condamnés par la Cour pénale internationale.
Elle avait été dépêchée par le Président Félix Tshisekedi le 16 février 2022 pour négocier un cessez-le-feu et la reddition des miliciens en Ituri, province en proie à des violences considérées par les Nations unies comme des crimes contre l’humanité.
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Les négociateurs ont été pris en otage dans la chefferie de Wanyali Kilo (Djugu/Ituri) où ils étaient en pourparlers avec les miliciens de l’Union des révolutionnaires pour la défense du peuple congolais (URDPC), une faction du mouvement mystico-militaire Coopérative pour le développement du Congo (CODECO).
La raison étant que ces derniers reprochaient à l’armée d’avoir bombardé la zone durant la réunion.
Les miliciens ont fait connaître leurs revendications pour les libérer, à savoir la levée de l’état de siège, la libération des prisonniers Codeco et des membres de la communauté Lendu « arrêtés arbitrairement« , la cessation des opérations militaires, entre autres.
Selon Basa Zupta Gerson, l’un des chefs du groupe armé CODECO, la libération du professeur qui survient après un premier geste du gouvernement, montre la « bonne volonté » du mouvement. En effet, quelques miliciens et « des civils innocents assimilés aux éléments CODECO » ont récemment été libérés par les autorités congolaises à Bunia. Les négociations sont toujours en cours. Une cellule de crise a été installée à Bambu à cet effet.
La milice Codeco est une organisation mystico-militaire qui prétend défendre les membres de la communauté Lendu, une des communautés de l’Ituri, face à l’armée et à la tribu Hema.
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D’après l’ONU et les autorités congolaises, ses miliciens sont à l’origine de la plupart des violences actuelles en Ituri, placée depuis mai sous état de siège avec la province voisine du Nord-Kivu.
Leur récent forfait date de samedi dernier où ils ont tué 14 déplacés dont sept enfants et blessé cinq autres au cours d’une attaque dans un camp de réfugiés à Drakpa en Ituri. Parmi ces victimes tuées à la machette, figuraient une fillette de deux ans et cinq femmes âgées entre 25 et 32 ans.
Les violences persistent dans ces zones malgré toutes les mesures prises par l’Etat. Un élu du Nord-Kivu, Jean-Baptiste Muhindo Kasekwa, a dressé un bilan d’au moins 96 civils tués dans les territoires d’Irumu (Ituri) et Beni (Nord-Kivu) entre le 9 et le 14 mars, 383 depuis le lancement des opérations congolo-ougandaises et 2.068 depuis l’instauration de l’état de siège.
L’Organisation médicale internationale Médecins sans frontières (MSF) a annoncé, hier lundi, la fermeture de ses projets vitaux dans les zones de Nizi et Bambu situées dans la province de l’Ituri. Une décision justifiée par « l’absence prolongée de garanties de sécurité de la part des différents acteurs qui s’affrontent dans la région ».