Le président tunisien Kais Saied a dissous mercredi le parlement du pays, qui était suspendu depuis l’année dernière, et a déclaré que les législateurs qui l’ont défié en votant l’abrogation des décrets qu’il a utilisés pour s’arroger un pouvoir quasi total seraient poursuivis.
Le 25 juillet de l’année dernière, le président a gelé l’assemblée, limogé le gouvernement et s’est emparé de pouvoirs très étendus. Plus tard, il s’est donné le pouvoir de gouverner et de légiférer par décret et, plus tôt cette année, il a pris le contrôle du pouvoir judiciaire.
Les législateurs ont déclaré que ces mesures ont bloqué le processus démocratique. Saied les a accusés d’un coup d’État manqué et d’un complot contre la sécurité de l’État, et il a ordonné des enquêtes à leur sujet.
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« Nous devons protéger l’État de la division […]. Nous ne permettrons pas aux abuseurs de poursuivre leur agression contre l’État« , a déclaré Saied dans une vidéo mise en ligne.
Ses opposants l’accusent de coup d’État, mais il défend ses actions comme étant nécessaires pour sauver la Tunisie d’années de paralysie politique et de stagnation économique aux mains d’une élite corrompue et intéressée.
M. Saied, qui a remporté les élections de 2019 avec 73 % des voix, a été accueilli favorablement par de nombreux Tunisiens frustrés par le système politique issu de la révolution de 2011, qui a renversé le dictateur de longue date Zine El Abidine Ben Ali.
Mais une crise économique met à l’épreuve sa popularité, et les partis d’opposition profondément divisés commencent à se rassembler contre le président, exigeant qu’il adopte une approche inclusive pour tout effort de restructuration de la politique du pays.
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Les groupes de défense des droits mettent en garde contre la répression musclée des manifestations de l’opposition, les procès de civils devant des tribunaux militaires et les arrestations de journalistes, autant de signes du retour de l’autoritarisme dans le pays.
M. Saied a déclaré qu’il allait former un comité chargé de réécrire la constitution, qui sera soumise à un référendum en juillet, puis organiser des élections législatives en décembre.
Les partis d’opposition ont exhorté le président à convoquer des élections plus tôt, et les législateurs ont appelé mercredi à des élections législatives et présidentielles et à un dialogue national pour sortir de l’impasse politique.