Le jeudi 07 avril 2022, le président somalien Mohamed Farmajo, a rejeté et annulé une décision prise par son premier ministre la veille, faisant resurgir le climat de tension qui règne entre eux depuis quelques mois.
Dans un communiqué publié mercredi soir, le premier ministre somalien Mohamed Hussein Roble, a déclaré Francisco Madeira « persona non grata pour s’être livré à des actes incompatibles avec son statut de représentant de la Commission de l’Union africaine ». Le chef du gouvernement lui a ordonné de quitter le pays dans les 48 heures.
Le communiqué n’a pas donné de détails sur les motivations de la décision. Mais d’après plusieurs sources, cela faisait suite à la diffusion d’un enregistrement clandestin du diplomate africain, dans lequel il affirmait entre autres que le Premier ministre « déteste » le chef d’état-major de son armée et qu’il instrumentalise les attentats commis dans le pays pour des raisons politiciennes.
Cependant, dans la matinée du jeudi 07 avril, la présidence a fait savoir qu’elle ne validait pas la décision prise par le premier ministre la veille et a annoncé son annulation.
Le président “n’a reçu aucune plainte sur une ingérence dans sa souveraineté et n’approuve aucune action illégale contre l’ambassadeur Francisco Madeira”, peut-on lire dans le communiqué de la présidence qui ajoute que “Farmajo est le gardien et le garant de la souveraineté du pays”.
Pourtant, cette expulsion avait été saluée par plusieurs chefs de l’opposition, qui considèrent Francisco Madeira comme un allié du président Farmajo, mais aussi par le ministère somalien des Affaires étrangères désigné par la présidence pour “transmettre les excuses du gouvernement fédéral à l’UA pour la décision illégitime et imprudente d’un service non autorisé” à le faire.
L’ONU aurait déjà ouvert des discussions à Mogadiscio pour trouver une issue pacifique à ce nouveau bras de fer et la réaction de l’Union africaine est encore attendue.
Pour rappel, les deux autorités somaliennes sont livrées depuis quelques mois à une rivalité qui a atteint le seuil critique selon plusieurs. Cette situation retarde l’organisation de l’élection présidentielle attendue depuis plus d’un an dans ce pays de la corne d’Afrique, en proie depuis une quinzaine d’années à l’insurrection islamiste des shebab.
Présence de l’Union africaine en Somalie
L’Union africaine est présente en Somalie à travers une force de maintien de la paix, déployée en 2007 sous le nom de Mission de l’UA en Somalie (Amisom).
La semaine dernière, le Conseil de sécurité de l’ONU a voté à l’unanimité de prolonger cette force jusqu’à fin 2024 dans une mission reconfigurée et rebaptisée Mission de transition en Somalie (Atmis).
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L’Amisom a chassé les islamistes radicaux shebab des principales villes du pays, dont la capitale Mogadiscio en 2011, permettant l’installation d’un gouvernement et d’institutions fédérales ainsi que la tenue de deux cycles d’élections (2012, 2017).
Mais le mandat du président Farmajo est arrivé à échéance en février 2021 sans qu’il soit parvenu à organiser un scrutin. Depuis, le processus avance péniblement, retardé par des conflits au sommet de l’exécutif et entre le gouvernement central et certains Etats fédéraux.