Les troupes du SPLA-IO du vice-président Riek Machar et des forces du président Salva Kiir, se sont affrontées de vendredi à dimanche dans l’Etat de l’Unité, obligeant des milliers de civils à se déplacer.
Une fois de plus dans l’histoire, les civils ont payé le prix des combats sanglants opposant les troupes du vice-président Riek Machar et des forces qui ont fait défection de son mouvement en août 2021 pour rejoindre le camp de son principal rival, le président Salva Kiir.
“Des soldats ont attaqué nos villages et brûlé beaucoup de nos maisons. Ils ont pris nos vaches, nos chèvres et ils ont tué des gens. Toute notre nourriture a été brûlée dans nos maisons, nous n’avons plus rien à manger”, raconte un civil de 51 ans retiré dans les marais du comté de Leer depuis plus de cinq jours.
Les directions militaires des deux camps basées dans la capitale Juba ont immédiatement appelé à une fin des hostilités.
Selon le préfet de Leer, Stephen Taker, “la situation est vraiment grave”, 13 930 déplacés avaient été recensés le lundi 11 avril. Les autorités estiment que le nombre de déplacés pourrait être plus élevé car certains n’ont pas encore atteint les infrastructures d’aides ou préfèrent simplement se réfugier ailleurs, notamment dans les marais où les conditions d’hygiène sont inquiétantes.
“Les enfants puisent l’eau des rivières qui n’est pas saine, beaucoup ont de la diarrhée et ne reçoivent aucun médicament. Eux et les personnes âgées souffrent énormément et la plupart d’entre eux meurent aussi de faim”, explique un déplacé père de trois enfants, réfugié dans les marais.
Les déplacés accueillis dans un camp militaire de la localité de Muon “sont en état de choc. Ils ont besoin de nourriture, d’abris, d’eau et de soins médicaux, mais il est difficile d’estimer quand l’aide humanitaire dont ils ont tant besoin leur parviendra”, affirme Paulino Kuch Mawich, coordinateur de la Commission secours et réhabilitation de l’Unmiss.
Ces combats surviennent dans un contexte où la situation humanitaire dans cette région est déjà critique, voire “désastreuse” selon l’ONU.
L’état de famine y a déjà été déclaré entre février et juin 2017. Les organisations humanitaires ont évacué leurs personnels, en raison des violences qui les visaient régulièrement dans ce pays qui vit dans l’instabilité politique, économique et sécuritaire depuis son indépendance en 2011.
Dans un communiqué publié lundi, la mission de l’ONU au Soudan du Sud (Unmiss) affirme que “de nombreux villages au sud de la ville de Leer ont été pillés et incendiés” et des sources rapportent également des violences sexuelles sur les femmes et de nombreux morts.
Elle se dit également inquiète des informations faisant état de la destruction le port voisin d’Adok sur le Nil Blanc, qui constitue le deuxième pôle économique de l’Etat.
L’État de l’Unité a été frappé depuis plusieurs mois par les pires inondations du pays depuis 60 ans. La région de Leer a été un des épicentres de la crise humanitaire causée par les cinq ans de guerre civile, qui ont fait près de 400.000 morts et des millions de déplacés. En 2018, le Haut-commissariat aux droits de l’Homme de l’ONU avait dénoncé de possibles crimes de guerre dans cette région.
Que pensez-vous de la situation politique et humanitaire au Soudan du Sud ? Dites le nous dans les commentaires.