Le Tchad entre dans une importante semaine sur le plan politique. Le pays est en transition depuis un an après la mort d’Idriss Deby Itno au cours des combats, et les prochains jours seront déterminants pour la poursuite de la transition.
Des mesures majeures pourraient être dévoilées en marge des cérémonies de commémoration du premier anniversaire de la mort de l’ancien chef de l’Etat.
La semaine à venir sera notamment caractérisée par la fin du deuil observé depuis un an par le Mouvement patriotique du salut, le MPS, parti fondé et présidé tout au long de son règne par Idriss Deby Itno.
Demain mardi, ou au plus tard mercredi, la construction du mausolée à la mémoire du fondateur du MPS débutera à Amdjarass, ville natale du défunt président dans l’est du pays.
Le président du Conseil militaire de transition, Mahamat Idriss Deby Itno, qui est en déplacement privé dans la même localité depuis samedi, pourrait être présent.
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Le MPS prépare l’arrivée de près de 2.000 personnes dans la petite ville du nord-est du pays. La mobilisation initiée par le secrétaire général Haroun Kabadi a fait polémique car il a été demandé aux militants de verser de fortes contributions : 10 millions de francs CFA par section provinciale, soit plus de 15 000 euros, ainsi qu’un million par représentant à l’étranger. Le MPS réclame également de grandes prières collectives et de toutes les confessions dans tout le pays.
Des décisions sur les futures étapes de la transition attendues
Outre les activités commémoratives de la première année de la mort d’Idriss Deby, des décisions majeures concernant la suite de la transition seront arrêtées au cours de ce séjour, selon des sources proches des autorités au pouvoir à Ndjamena. Une conférence de presse de Mahamat Idriss Deby Itno devrait avoir lieu.
Ces décisions sont susceptibles d’avoir un effet sur la suite de la transition, d’autant plus que la semaine qui commence devrait aussi marquer la fin du pré-dialogue qui se tient entre les acteurs politico-militaires et le gouvernement à Doha, au Qatar, depuis le 13 mars.
Selon certaines sources, la mouture de l’accord proposée par le gouvernement n’est pas recevable par les rebelles, ce qui risque de complexifier la fin des pourparlers.
Dialogue national
Ce premier anniversaire correspond également à la question de savoir si le dialogue national inclusif prévu pour le 10 mai se prolongera. Le gouvernement a assuré au cours du week-end qu’il commencerait à la date prévue.
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Il s’agit sans aucun doute d’une volonté de faire pression sur les négociations encore en cours à Doha avec les formations politico-militaires, que les autorités veulent désormais accélérer.
Le temps est compté pour la transition. Le délai de 18 mois accordé par la communauté internationale se termine en octobre, et il est déjà évident qu’il ne sera pas tenu et qu’une extension sera sollicitée.
Mais pour l’obtenir en toute sérénité, le gouvernement de transition doit impérativement présenter des progrès qui font l’objet d’un dialogue : un avant-projet de constitution et un agenda électoral, par exemple.
Par ailleurs, une partie de l’opposition civile, derrière la coalition Wakit Tama, continue de refuser de participer. Elle redoute un agenda caché et a fixé un certain nombre de conditions préalables, dont l’engagement des autorités de transition à ne pas se porter candidates aux futures élections.
La question du prolongement de Mahamat Idriss Déby au pouvoir est aussi au cœur de nombreuses tractations, même s’il reste équivoque, afin de ne pas s’aliéner les membres les plus conservateurs de son camp, qui pourraient faire un coup de force s’ils jugent leurs intérêts trop lourdement menacés.