La sénatrice Elizabeth Regina Mundi a été kidnappée avec son chauffeur samedi à Bamenda, chef-lieu de la région du Nord-Ouest en proie à un conflit séparatiste depuis plus de cinq ans. Ses ravisseurs exigent la libération des prisonniers séparatistes.
Le mouvement sécessionniste Ambazonia defense force (ADF) a revendiqué le rapt d’une sénatrice camerounaise et de son chauffeur à Bamenda dans la région du Nord-Ouest.
Deux branches de ce mouvement semblent divisées quant aux exigences devant aboutir à sa libération. La première exige une rançon tandis que l’autre exige la libération de leurs camarades incarcérés.
« Pour que la sénatrice retrouve sa liberté, nous exigeons un échange des prisonniers. Le gouvernement camerounais doit au préalable libérer près de 75 séparatistes qui sont en prison », ont-ils indiqué dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux dimanche le 01er mai.
La nouvelle de l’enlèvement avait été confirmée la veille par le gouverneur de la région du Nord-Ouest, Adolphe Lele Lafrique.
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« Mme Elizabeth Regina Mundi, sénatrice du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) [parti au pouvoir, ndlr] a été kidnappée samedi 30 avril aux environs de 12 heures (heure locale) dans la localité de Foncia Street à Bamenda », a déclaré le gouverneur, précisant que des recherches sont en cours pour les retrouver.
Selon un responsable de l’armée dans la région, les séparatistes ont enlevé la sénatrice avec son chauffeur sur la route alors qu’elle se rendait de Bamenda à son village pour assister à un enterrement.
Les enlèvements sont récurrents dans cette partie du Cameroun. En août 2021, un prêtre catholique, Monseigneur Agbortoko Agbor, a été kidnappé par des séparatistes, dans le Sud-Ouest anglophone du Cameroun.
Le chancelier du diocèse de Mamfé, le révérend père Sébastien Sinju, avait précisé que de jeunes garçons qui se sont présentés comme des séparatistes, ont débarqué au campus du grand séminaire et enlevé le prêtre.
Quelques mois plus tôt, le père Christopher Eboka, directeur de la communication du diocèse de Mamfé, avait été enlevé par des séparatistes et libéré 10 jours plus tard, le 1er juin.
Mais toutes les victimes d’enlèvement ne s’en sortent pas toujours indemnes. En janvier dernier, le corps d’un sénateur de l’opposition, l’avocat Henry Kemende, avait été retrouvé criblé de balles à Bamenda après l’attaque de sa voiture, qui avait disparu.
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Les autorités avaient accusé les séparatistes mais le meurtre n’a pas été revendiqué.
Les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun sont en proie à un conflit séparatiste depuis fin 2016. Ces régions sont principalement peuplées par les anglophones, minoritaires par rapport aux francophones qu’ils accusent de marginalisation.
Le conflit a éclaté après que le gouvernement ait sévèrement réprimé des manifestations des anglophones réclamant une égalité de traitement. Depuis lors, il a fait plus de 6.000 morts et a déplacé environ un million de personnes, selon l’Ong International Crisis Group (ICG).
C’est grave d’en arriver la !