L’ancien président Alpha Condé et 26 dignitaires de son régime sont visés par des poursuites judiciaires pour « assassinats, actes de torture et enlèvements ».
Le procureur général près de la Cour d’appel de Conakry, Alphonse Charles Wright, a annoncé le mercredi 04 mai 2022 des poursuites contre Alpha Condé et 26 collaborateurs du temps de sa présidence.
Les poursuites annoncées font suite à une dénonciation du Front national de défense de la Constitution (FNDC) par la voie de ses avocats par lettre du 28 janvier 2022.
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« Il résulte de son objet, les crimes et exactions présumés commis sous le régime de Monsieur Alpha Condé, ex-chef d’Etat de la République de Guinée en joignant une liste de certaines personnalités », selon les précisions du procureur général.
Se basant sur les éléments de preuves (images et vidéos) fournis par le FNDC et les rapports des ONG internationales comme Amnesty et Human Rights Watch, le magistrat revient sur le projet de 3e mandat d’Alpha Condé, en violation de la Constitution.
Il évoque les propos belliqueux de l’ancien président et son entourage lors de meetings politiques, appelant explicitement ses populations à l’affrontement. Il mentionne également l’impunité totale dont ont bénéficié les forces de sécurité ayant réprimé les manifestations.
En plus de l’ancien président Alpha Condé, ces poursuites visent 13 anciens membres du gouvernement et de hauts responsables administratifs et sécuritaires à des degrés divers, impliqués dans les violences qui ont entouré en 2019 le projet suscité et notamment la répression, souvent brutale, des manifestations contre le référendum permettant de modifier la Constitution à cet effet.
Parmi les personnes visées se trouvent : l’ancien Premier ministre Ibrahima Kassory Fofana, les anciens ministres Dr Mohamed Diané (ancien ministre de la Défense), Alpha Ibrahima Kéira, Albert Damantang Camara, Ibrahima Kalil Kaba, Tibou Kamara et Kiridi Bangoura pour ne citer que les plus influents.
D’autres hauts responsables de l’appareil judiciaire et sécuritaire sont aussi visés par cette procédure. Il s’agit notamment de l’ancien président de la Cour constitutionnelle, Mohamed Lamine Bangoura, des anciens présidents du Parlement, Claude Kaury Kondiano et Amadou Damaro Camara, et du général Ansoumane Camara qui était directeur général de la police à l’époque.
Tous ces responsables sont accusés de « atteintes volontaires à la vie humaine, meurtre, disparition forcée, torture, agression sexuelle, pillage, enlèvement ou encore séquestration ».
Certains sont déjà poursuivis pour des faits présumés de détournements de fonds et d’autres anciens ministres sont en prison pour des faits présumés de corruption, de détournement de deniers publics et blanchiment.
Pour rappel, Alpha Condé avait procédé à un référendum constitutionnel en mars 2020 pour légitimer sa candidature à la présidentielle de 2020. Le FNDC qui s’est opposé à ce 3ème mandat avait déclenché, à partir d’octobre 2019, une série de manifestations et a mené, pendant plusieurs mois, le mouvement de colère qui s’en est suivi.
Des dizaines de morts, pour la plupart des civils, ont été dénombrés de cette crise.