Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a effectué mardi 10 mai un déplacement en Algérie pour consolider le « partenariat » avec cet allié de Moscou et pays exportateur de gaz de plus en plus recherché par l’Europe qui désire réduire sa dépendance au gaz russe.
Sergey Lavrov a pu discuter avec son homologue algérien Ramtane Lamamra, et a été notamment reçu par le président Abdelmadjid Tebboune. « Nous apprécions beaucoup la position équilibrée, objective et pondérée de l’Algérie sur la question ukrainienne« , a affirmé M. Lavrov à l’issue de ses entretiens.
L’Algérie, un des plus grands exportateurs de gaz, livre environ 11% du gaz utilisé en Europe, contre 47% pour la Russie. De nombreux pays souhaitant réduire leur degré de dépendance à l’égard des sources d’approvisionnement russes depuis l’invasion de l’Ukraine se sont adressés à l’Algérie, dont la possibilité d’augmenter ses exportations est très restreinte.
Dans un souci apparent de ne pas s’aliéner Moscou, l’Algérie réitère également que sa capacité d’exportation additionnelle ne se substituera pas au gaz russe.
« La Russie, l’Algérie et les autres pays exportateurs de gaz, nous pensons qu’il est nécessaire de respecter les accords déjà conclus« , a affirmé Sergueï Lavrov.
« Ces deux pays ont intérêt à renforcer leurs relations ».
Kader Abderrahim, maître de conférences à Sciences Po Paris et auteur du livre Géopolitique de l’Algérie, est ainsi revenu pour News365 sur la problématique de cette visite, qui se tient dans un contexte très particulier : « Il y a plusieurs questions sur la table. Les deux pays ne sont évidemment pas dans la même situation. L’Algérie est dans une impasse politique, en grande difficulté économique ».
« La Russie, elle, se retrouve totalement isolée et ostracisée par l’ONU, mais aussi par les Européens et les Etats-Unis en général. Ces deux pays, l’Algérie et la Russie, ont donc intérêt à renforcer leurs relations. La Russie restera un acteur stratégique mondial tandis que l’Algérie vise à être un acteur régional ».
« Et puis, c’est une relation traditionnelle très ancienne puisqu’il s’agissait aussi pour la Russie de célébrer le soixantième anniversaire du traité d’amitié entre l’Algérie et la Russie, et c’est un prétexte qui tombe à pic dans le contexte de la guerre en Ukraine ».
La venue de Sergueï Lavrov en Algérie, sa toute première depuis janvier 2019, correspond au 60e anniversaire de la naissance des relations diplomatiques entre la Russie et l’Algérie.