La ville de Warji dans le Nord du Nigeria a été le théâtre de violences par des jeunes qui accusaient une femme de « blasphème ». Ces événements surviennent une semaine après la lapidation d’une jeune chrétienne pour les mêmes causes.
Des jeunes en colère ont semé le trouble vendredi dernier dans la ville de Warji au Nigeria. Selon la police de l’Etat de Bauchi, ils recherchaient une femme de 40 ans qu’ils accusaient de « blasphème » dans des messages publiés sur les réseaux sociaux.
La foule s’en est prise à son quartier après avoir découvert qu’elle avait été mise en sécurité par des voisins. Au total 6 maisons et 7 boutiques ont été incendiées et plusieurs blessés ont été enregistrés. Le calme est revenu après un déploiement des forces de sécurité sur les lieux.
#WARJI LGA of Bauchi state today… Alleged BLASPHEMY by a nurse. Who was said to be whisked out of the city. This resulted to burning of houses and shops. Heard there's currently a religious rioting between the Christians and Muslims there.
— JOStified 🇳🇬 (@_Thrixian) May 20, 2022
More details to come… pic.twitter.com/j3w0urwQAR
Ces violences sont survenues alors que les autorités de l’Etat de Sokoto, toujours dans le nord du Nigeria, venaient de lever le couvre-feu mis en place après des troubles provoqués par le meurtre d’une étudiante chrétienne accusée de blasphème.
Le 14 mai, des dizaines d’étudiants de l’école Shehu Shagari ont lapidé leur camarade chrétienne, Deborah Samuel, puis brûlé son corps après avoir lu un commentaire qu’elle avait posté sur les réseaux sociaux, considéré comme offensant à l’égard du prophète Mahomet.
L’affaire avait suscité l’indignation à travers le pays. De nombreux appels ont été lancés pour que les coupables soient traduits en justice. Dans la foulée, la police avait indiqué avoir arrêté deux suspects.
Le lendemain de leur arrestation, plusieurs centaines de personnes ont manifesté à Sokoto pour exiger leur libération, détruisant des commerces et provoquant des affrontements avec les forces de l’ordre.
Lundi dernier, la police a également dispersé une manifestation devant le domicile d’une femme, également accusée de « blasphème », dans un autre Etat du Nord du Nigeria.
La cohabitation n’est pas toujours aisée entre pratiquants du christianisme et de l’Islam, répandus de manière presque égale au Nigeria. Le sud est majoritairement chrétien tandis que le nord est principalement musulman.
Parmi les questions sensibles les plus récurrentes se trouve le blasphème. Dans l’islam, cet outrage, en particulier contre le prophète Mahomet, est passible de la peine de mort selon la charia, instaurée en 2000 dans 12 Etats du nord nigérian.
— Prof. Ibrahim Maqari (@profmaqari) May 13, 2022
Dans le communiqué de vendredi annonçant la levée du couvre-feu, Aminu Waziri Tambuwal, le gouverneur de l’Etat de Sokoto, a exhorté la population à respecter la loi et à rester calme. Il a également insisté sur la « nécessité d’une coexistence pacifique entre les habitants de l’Etat ».