L’ancienne Miss France a été mise en examen lundi dernier pour avoir accepté un cadeau financé de façon frauduleuse par l’ex-président du Gabon, Omar Bongo, en 2003.
L’ancienne Miss France Sonia Rolland a été mise en examen ce lundi 30 mai pour “recel de détournements de fonds publics, corruption et abus de biens sociaux” dans l’affaire dite des “biens mal acquis” de la part de l’ancien président du Gabon, Omar Bongo.
Les faits remontent à 2003, lorsque la Franco-Rwandaise était actrice. Elle a reçu du couple Bongo, un appartement dans le 16ᵉ arrondissement de Paris. Un bien immobilier d’une valeur minimale de 640 000 euros financé à 75% par une société civile immobilière. Les 25% restants étaient en la possession de l’aide de camp du président Bongo.
L’acquéreur de l’appartement serait une société de décoration française, qui avait une filiale au Gabon “détenant un compte dans une banque locale, sur lequel ont été déposées pendant des années des valises de liquide, livrées par des collaborateurs de Bongo”.
Aujourd’hui, cette transaction pose un problème. En effet, l’appartement fait partie des biens dits « mal acquis » par le chef de l’État grâce à des activités illicites. Des activités qui lui auraient permis d’acquérir une vingtaine de biens entre 1990 et 2009 pour un montant total de 40 millions d’euros.
L’ex-miss “a fait preuve de naïveté”
Entendue le 6 janvier 2021 en audition libre par l’Office central de répression de la grande délinquance financière (OCRGDF), Sonia Rolland avait affirmé qu’elle découvrait l’acquisition frauduleuse de l’appartement qui fait désormais l’objet d’une saisie.
“Je ne connaissais pas le mode de financement et je ne m’en suis pas intéressée. Je ne savais pas que la famille Bongo avait acquis autant de biens en France”, avait assuré l’ancienne miss.
Son avocat avait plaidé la “naïveté” : “Ma cliente était âgée de 22 ans, elle sortait d’une période où elle était projetée dans un univers dont elle ignorait tout. Elle conteste toute infraction”.
Selon la juge d’instruction chargée l’enquête, l’ancienne reine de beauté aurait dû savoir que ce “cadeau” avait été acquis par le biais d’un montage financier illégal. L’enquêteur de l’OCRGDF s’étonne que la médiatisation de l’affaire n’ait pas éveillé les soupçons de la miss.
Dossier vieux d’une dizaine d’années
La justice française enquête depuis 2010 sur le patrimoine considérable amassé en France par Omar Bongo et d’autres chefs d’État africains.
En avril 2016, des biens immobiliers à Paris et Nice, sur la Riviera française, appartenant à la famille du président gabonais Ali Bongo, qui a succédé à son père Omar Bongo à la tête du pays en 2009, ont été saisis.
Puis en 2017, le juge d’instruction a annoncé son intention de clore le volet gabonais de l’enquête, sans avoir prononcé aucune mise en examen, prélude donc à non-lieu. Mais quelques mois plus tard, un nouveau juge a relancé les investigations.
Entre le 25 mars et le 5 avril, quatre enfants de l’ancien président gabonais ont été mis en examen dans ce dossier pour “recel de détournement de fonds publics, de corruption active et passive et d’abus de biens sociaux”.