Au moins 300 détenus dont une soixantaine de djihadistes se sont évadés de la prison de Kuje, non loin d’Abuja, suite à une attaque revendiquée par l’Etat islamique.
Dans la nuit du mardi 5 au mercredi 6 juillet, des hommes armés ont pris d’assaut la prison de Kuje, située en banlieue d’Abuja, capitale du Nigeria. Les assaillants ont utilisé des explosifs pour accéder au pénitencier.
Des habitants de la région ont rapporté avoir entendu mardi soir de fortes explosions et des tirs près de la prison située à seulement 40 km de la capitale et de la villa présidentielle.
« On a entendu des coups de feu dans ma rue. On pensait que c’était des voleurs armés. La première explosion est survenue après les coups de feu. Puis il y en a eu une deuxième et une troisième », a affirmé un habitant.
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Plusieurs centaines de détenus en ont profité pour s’évader. Le nombre varie entre 300 et 600 selon les sources. Au total, 994 détenus, dont des membres condamnés de Boko Haram et des hauts fonctionnaires en cours de jugement ou déjà condamnés, se trouvaient dans cette prison avant l’attaque qui a coûté la vie à un agent de sécurité.
« Plus aucun ne se trouve à l’intérieur »
Mercredi matin, les responsables de la prison tentaient toujours de déterminer le nombre exact de détenus manquant à l’appel. Mais le ministre de la Défense, Bashir Magashi, a fait savoir que tous les 64 djihadistes incarcérés dans cet établissement se sont évadés.
Les sources sécuritaires pointent un doigt accusateur sur les combattants de la secte terroriste Boko Haram. « Nous comprenons qu’il s’agit de Boko Haram, ils sont venus spécifiquement pour leurs co-conspirateurs. Pour l’instant, nous avons récupéré environ 300 (détenus) sur les quelque 600 qui sont sortis des cellules de la prison » dans la prison de Kuje, a déclaré à la presse le secrétaire du ministère de l’Intérieur, Shuaibu Belgore.
L’Etat islamique a revendiqué l’attaque mercredi matin : « Les combattants de l’État islamique ont fait irruption hier dans une prison du gouvernement nigérian dans la ville de Kuje, dans la banlieue d’Abuja, après avoir abattu ses murs, et ils ont réussi à libérer des dizaines de prisonniers », a-t-il annoncé via son organe de propagande Aamaq.
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Rendu sur les lieux, le président Muhammadu Buhari s’est dit « déçu par le système de renseignement ». « Comment des terroristes peuvent-ils s’organiser, disposer d’armes, attaquer une infrastructure sécuritaire et s’en sortir ? », a-t-il ajouté.
Au Nigeria, les prisons, souvent surpeuplées et gardées par des membres des forces de sécurité débordés, sont la cible de fréquentes attaques.
Au moins cinq prisons ont été attaquées durant les 18 derniers mois. En septembre 2021, 240 détenus s’étaient évadés après l’attaque d’une prison à Kabba, dans l’État de Kogi. En avril de la même année, plus de 1.800 détenus s’échappaient de Quartier Général de la police d’Owerri.
La plus grande évasion de ces dernières années dans ce pays d’Afrique de l’Ouest.
I am shock that the president who is incharge of the security apparatus is disappointed with the security agencies without acting by taking away their failed responsibility.
— Nyiamson de great (@Nyiam96) July 7, 2022
The attack on the Kuje prison is not only a threat to the nation but a national embarrassment as well.