Cette année, le retour des pluies est loin de permettre aux agriculteurs nigériens de procéder au semis dans leurs plantations. En effet, des pluies diluviennes qui s’abattent dans plusieurs communes depuis vendredi dernier, sont à l’origine de nombreux dégâts.
Les dérèglements climatiques entrainent des conséquences de plus en plus graves au fil des années. Depuis quelques jours, les pays européens sont confrontés à la canicule et aux feux de forêts tandis que les pays africains font face aux inondations.
C’est le cas du Niger où plusieurs régions connaissent actuellement des inondations, en raison des fortes précipitations qui s’abattent depuis le vendredi 15 juillet. Une situation aggravée par la fragilité de certaines infrastructures, l’occupation de zones inondables et surtout le fait que la terre érosive ne peut absorber toute la quantité d’eau qui tombe.
Les régions les plus touchées sont celles de Zinder, Tillabéri, Maradi, Diffa et Tahoua. Le 18 juillet, le bilan de la Direction générale de la protection civile du Niger (DGPC) faisait état de 8 533 sinistrés, 1 033 ménages, 08 morts, 441 maisons et 635 cases détruites, 399 têtes de bétail mortes, 135 greniers emportés, 04 cases de santé détruites, 10 salles de classe endommagées.
@PlanGlobal: @rotimy_djossaya en visite au #Niger interpelle les décideurs sur la nécessité d'accroître + maintenir les ressources dédiées à la #sahelcentralcrisis qui sont orientées vers d'autres crises dans le 🌍 alors que les plans de réponse humanitaires sont sous financés.
— Plan International Niger (@plan_niger) July 19, 2022
Dans la commune de Hamdara, l’une des plus touchées dans la région de Zinder, des sinistrés ont été relogés dans des écoles. « C’est un village situé sur une pente. Donc l’eau descend d’abord sur une colline et traverse les villages avant de se déverser dans les mares. Dans son passage, cela cause des dégâts, notamment l’effondrement des maisons, ainsi que des dégâts sur les installations électriques et hydrauliques », déclare le maire Oumarou Nouhou.
Selon les services météorologiques, d’autres fortes précipitations sont attendues dans les prochains jours. « Cette situation va continuer, on aura d’autres séquences de fortes pluies çà et là sur le pays. On a eu beaucoup d’inondations l’année passée et on est en train d’assister à une situation où la pluviométrie en termes de cumul augmente, mais le nombre de jours de pluie diminue. Ce qui rend les choses beaucoup plus intenses », explique Katiellou Gaptia Lawan, directeur de la météorologie nationale.
De nouveaux effondrements d’infrastructures pourraient survenir. Le Centre opérationnel de veille, d’alerte et de conduite de crise (COVACC) invite la population à plus de vigilance afin de prévenir des pertes en vies humaines.
Le COVACC préconise d’éviter les habitations et les zones potentiellement inondables, « éviter de traverser des koris en crue, éviter d’obstruer les passages des eaux de ruissellement, rouler à vitesse modérée et éviter de prendre des risques inutiles lors des déplacements ou des voyages sous la pluie ».
L’opinion publique demande au gouvernement d’agir urgemment et de « prendre des mesures pérennes pour endiguer définitivement ces inondations exponentielles ». Certains sont remontés et reprochent aux autorités de n’avoir pris aucune disposition pour les zones vulnérables après l’alerte donnée par les experts.
Au début de la saison, les climatologues annonçaient de grandes pluies dans le pays et redoutaient des inondations déjà connues ces dernières années, avec leurs cortèges de désastres : habitations détruites, animaux emportés, routes et ponts dégradés, champs inondés, fleuve mis en furie et parfois des pertes en vies humaines.
Les populations étaient dans l’angoisse. Selon les médias locaux, les routes sont dans un mauvais état et pour en assurer le colmatage, les marchés ont été attribués par affinité aux personnes incompétentes. De plus, la réparation des routes et des ponts ainsi que la construction de nouvelles digues n’a été faite que dans les quartiers huppés.
« Les villes et les quartiers dont on connait les problèmes d’évacuation d’eau de pluie, sont totalement oubliés dans l’aménagement urbain, et chaque année l’on y vit les mêmes calvaires. Il est temps pour que le ministère chargé des catastrophes, prenne les devants avant que des drames ne s’abattent sur des populations qui en ont déjà trop sur le dos ».