Proposée par le président français Emmanuel Macron lors du sommet franco-africain de Montpellier l’année dernière, une « fondation pour la démocratie » indépendante est destinée à aider ceux qui œuvrent pour le changement dans le domaine de la gouvernance démocratique.
L’organisme a ouvert ses portes cette semaine à l’Université de Witwatersrand en Afrique du Sud. La Fondation pour la démocratie (FIDEMO) doit permettre aux chercheurs, aux artistes, aux hommes d’affaires et aux ONG d’échapper aux effets souvent étouffants des gouvernements autocratiques, et de libérer l’énergie qui est la plus grande ressource naturelle de l’Afrique.
Les objectifs de la fondation sont d’éduquer, d’informer et de permettre aux jeunes de réfléchir au changement démocratique en Afrique, en France et en Europe.
Elle vise également, selon un document de lancement publié par l’université de Wits, à recueillir des informations sur la démocratie dans ces régions, à concevoir et à développer des projets collectifs et innovants en faveur de la démocratie et à permettre la compréhension des rôles que jouent l’État de droit, l’égalité et les libertés individuelles et collectives dans une démocratie.
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Une liste des projets locaux à financer sera annoncée en mars, l’accent étant mis sur la mise en relation des différents acteurs, afin que personne ne se sente isolé.
Le responsable est le philosophe sénégalais Souleymane Bachir Diagne, qui enseigne à l’université Columbia de New York. Il dispose de 50 millions d’euros pour assurer le bon fonctionnement de la fondation pour la démocratie au cours des cinq prochaines années.
Le projet est l’œuvre d’un autre intellectuel africain, le Camerounais Achille Mbembé. Mbembé est l’un des principaux contributeurs au débat sur le post-colonialisme. Il enseigne à Witwatersrand, et fera partie du conseil d’administration de l’organisme.
Trois antennes régionales en Afrique
Outre le siège de Wits, il y aura trois bureaux régionaux africains, dont l’emplacement n’a pas encore été révélé, et une antenne dans la ville de Marseille, dans le sud de la France.
Selon Achille Mbembé, l’idée maîtresse est de créer une réponse collective, fondée sur les besoins africains. Même si la majorité du financement initial provient de France, il ne s’agit pas d’un autre geste francophone envers les anciennes colonies.
La fondation, dit Mbembé, « est panafricaine, bien au-delà des divisions héritées de la période coloniale« .
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« Elle n’a rien à voir avec le maintien de l’influence française en Afrique, ni avec l’atténuation de la vague actuelle de sentiments anti-français sur le continent. Ce cycle historique est arrivé à son terme. Le cadavre du colonialisme est peut-être encore chaud, mais il n’en est pas moins mort. De nombreux Africains considèrent encore la France comme toute puissante. Ce n’est plus vrai. »
Tenir tête à l’ancienne puissance coloniale
Achille Mbembé estime que seul le dialogue peut mettre fin à l’impasse. « Les Africains doivent se lever et affronter la France avec courage« .
Marie-Yemta Moussanang, enseignante à l’Institut d’études politiques de Paris et présentatrice du podcast Afrotopiques, met en garde contre une croyance naïve en un avenir transformé.
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« Nous sommes tous conscients de la réalité du néocolonialisme« , a-t-elle déclaré lors de la conférence de presse de lancement de la fondation. « Mais nous devons penser au-delà des questions d’influence et de victimisation. La France et l’Afrique sont liées de tant de façons compliquées. »