Le match de mercredi dépasse les frontières du football.
La France a disputé sa première demi-finale de Coupe du monde en 1958, un peu plus de deux ans après l’indépendance totale du Maroc vis-à-vis de Paris, le 2 mars 1956.
Mercredi prochain, au stade Al Bayt, les deux nations sœurs joueront pour une place en finale de la Coupe du monde, un scénario inimaginable lors du match inaugural de la Coupe du Monde à Doha.
Alors que les relations entre l’Élysée et Rabat sont tendues comme elles ne l’ont plus été depuis longtemps, le poids de la diaspora marocaine en France est importante.
Pleinement français de plein droit, le soutien au Maroc sera majoritaire dans de nombreuses villes grâce aux deuxième et troisième générations de ceux qui sont arrivés en France il y a des années pour créer le deuxième groupe ethnoculturel le plus important après la communauté algérienne.
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Ce brassage culturel vivra ce qui constitue le grand match d’une rivalité sportive qui n’a pas de précédent à un tel niveau entre les deux nations. Les deux premières fois que la France et le Maroc se sont rencontrés, c’était aux Jeux méditerranéens : 1-1 en 1975 et 0-0 en 1987.
Depuis, ils se sont rencontrés cinq autres fois, avec trois victoires françaises et deux nuls. La dernière fois qu’ils se sont rencontrés, c’était en novembre 2007 : 2-2 dans un Stade de France à majorité de supporters marocains.

« J’ai regardé autour de moi et je n’ai vu que des drapeaux marocains, et pas de drapeaux français« , observait William Gallas ce soir là. « J’aimerais bien savoir pourquoi« .
Il se plaignait du fait qu’un match à domicile, un amical important pour la qualification à l’Euro, avait donné l’impression d’être un match à l’extérieur en raison du soutien déséquilibré des quelque 80 000 spectateurs. On a sifflé la Marseillaise, l’hymne national français.
La grande majorité des spectateurs présents ce soir-là n’étaient pas des fans venus d’Afrique du Nord, mais des résidents français, ce qui rappelle qu’ils sont nombreux à avoir des origines marocaines et que les rencontres sportives entre un pays qui, pendant une grande partie du XXe siècle, a été un protectorat français, auront toujours une saveur particulière.
Mais tout cela n’a rien à voir avec ce qui se passera lors de cette Coupe du monde au Qatar. Les champions du monde en titre s’apprêtent à vivre un match à forte intensité emotionnelle face à la plus grande surprise en Coupe du monde de tous les temps.
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Les clubs français ont été la voie d’accès au statut professionnel pour plusieurs des héros marocains au Qatar, dont Regragui, né en France et défenseur latéral en Ligue 1 ou 2 pendant la majeure partie de sa carrière.
Ceux qui jouent aujourd’hui en France ont pour la plupart passé les quatre derniers mois à regarder du mauvais côté du classement de Ligue 1. Azzedine Ounahi, dynamique au milieu de terrain tout au long de la Coupe du monde, et Sofiane Boufal, le soupçon de menace imprévisible dans la ligne d’attaque, seront de retour plus tard ce mois-ci à Angers pour dans une lutte au maintien acharné en Ligue 1.
La situation à Brest, que le défenseur Achraf Dari a rejoint cet été en provenance du Wydad, club champion d’Afrique, n’est guère meilleure. Brest ne se trouve en dehors de la zone de relégation qu’à la différence de buts. Au sommet de la hiérarchie nationale française se trouve Kylian Mbappé (19 buts pour le Paris Saint-Germain cette saison et cinq pour la France au Qatar) et son ami Ashraf Akimi, le vaillant latéral des Lions de l’Atlas.
Après avoir dominé son groupe devant la Croatie et la Belgique et éliminé l’Espagne et le Portugal, le Maroc défie ceux qui le dominent depuis des années. Et tout cela représente bien plus que du football !
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