A Paris, William M., présumé avoir tué trois Kurdes a avoué aux enquêteurs qu’il avait une « haine pathologique » contre les étrangers.
Le suspect prévoyait aussi, dans son projet meurtrier, de tuer des étrangers à Saint-Denis. Le suspect du meurtre de trois Kurdes vendredi matin à Paris a donné, depuis son arrestation, de multiples précisions sur son plan criminel.
Durant sa garde à vue, ponctuée d’un passage à l’infirmerie psychiatrique de la préfecture de police à cause de son état de santé, William M., a évoqué ses motivations racistes et exposé les étapes de son parcours meurtrier du 23 décembre.
Tuer des étrangers
En ce jour d’attaque, le centre culturel kurde ne fut pas la cible initiale de William M. Selon ses déclarations en garde à vue, le suspect se serait d’abord rendu à Saint-Denis vers 6h50, armé d’un pistolet automatique et de nombreuses munitions « pour commettre des meurtres sur des étrangers« , précise le parquet de Paris dans un communiqué.
Isolé dans des rues désertes, il a abandonné l’idée d’ouvrir le feu à Saint-Denis et s’est alors rendu rue d’Enghien à Paris, conscient que le centre culturel kurde était un lieu de rencontre pour les personnes de la communauté.
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Ainsi en milieu de matinée, Willam M. a tiré successivement sur une femme et deux hommes présents en face du centre culturel kurde de la rue d’Enghien, dans le 10e arrondissement de Paris. En continuant sa progression dans la même rue, il a également blessé par balles trois autres hommes, deux Kurdes et un Français.
« Il a été interpellé à 11h40 en possession de son arme, de quatre chargeurs contenant au total 14 munitions et d’une boîte de 25 munitions« , a indiqué le parquet de Paris.
Une haine des étrangers devenue complètement pathologique
Au cours de sa garde à vue, William M. a ainsi expliqué qu’il avait attaqué des victimes qu’il ne connaissait pas. Il a précisé qu’il n’avait pas fixé le nombre de victimes à l’avance, mais qu’il avait pour objectif de faire usage de toutes les munitions et de se suicider avec la dernière balle.
Il a ajouté qu’il en voulait « à tous les migrants » depuis un vol qu’il avait subi en 2016. Selon la procureure de la République de Paris, Laure Beccuau, William M. désigne cet épisode comme le facteur déclenchant d’une « haine des étrangers devenue complètement pathologique. »
L’entourage du suspect, qui vit chez ses parents, le dépeint comme dépressif, silencieux et solitaire.
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Après la tuerie, le principal regret formulé par William M. est de ne pas être parvenu à se suicider, a-t-il déclaré aux enquêteurs. Il entendait « emmener ses ennemis dans la tombe« , spécifiant que par « ennemis« , il désignait « tous les étrangers non-européens« , a insisté la procureure. « J’ai toujours voulu assassiner des migrants, des étrangers, depuis ce braquage« , a-t-il dit aux enquêteurs, précisant également qu’il était « dépressif » et « suicidaire« .
Attaque au sabre en décembre 2021
Cela fait plusieurs années que William M. a des démêlés avec la justice. En effet, il a été interpellé en décembre 2021 pour avoir attaqué au sabre un camp de migrants dans le 12e arrondissement de la capitale. Mis en détention provisoire à la prison de la Santé, il a été libéré le 12 décembre, dans le cadre d’une libération conditionnelle, en attendant un éventuel procès, le risque de récidive ayant été jugé « limité« .
Au cours de cette enquête antérieure, son portrait psychiatrique avait déjà préoccupé la justice en regard des déclarations racistes qu’il avait faites et dont il ne paraissait pas mesurer la portée. A ce titre, une expertise psychiatrique avait été effectuée » en urgence » au cours de sa détention provisoire : celle-ci n’avait pas retenu un » état dangereux » du mis en cause mais avait néanmoins conclu qu’il souffrait d’un » ressentiment » envers les étrangers.
William M. a en outre été condamné pour violences le 30 juin à Bobigny, pour avoir poignardé un cambrioleur. Il a fait appel de sa condamnation le 8 juillet.