Le chef de la division des droits de l’homme de la Mission des Nations Unies au Mali (MINUSMA) a été déclaré persona non grata par les autorités maliennes. Guillaume Andali a été prié de quitter le pays avant ce soir. Le gouvernement l’accuse de partialité.
« Cette mesure fait suite aux actions déstabilisantes et subversives de Monsieur Andali« , a déclaré le ministère des Affaires étrangères du Mali dans un communiqué lu à la télévision nationale le dimanche 5 février.
Les autorités maliennes affirment que Guillaume Ngefa-Atondoko Andali, chef de la section droits de l’homme de la MINUSMA, « a choisi des fraudeurs pour être les représentants de la société civile malienne tout en ignorant les autorités et les institutions nationales« .
Selon Bamako, la partialité d’Andali était évidente lors de la dernière réunion de l’ONU sur le Mali. Le gouvernement de transition a fermement rejeté les affirmations d’un militant malien des droits de l’homme invité à s’exprimer lors du briefing spécial du Conseil de sécurité des Nations unies sur le Mali.
Le 27 janvier, Aminata Cheick Dicko, vice-présidente de Kisal, a évoqué les violations présumées des droits de l’homme perpétrées par les Forces armées maliennes (FAMA) et, son partenaire militaire, le groupe Wagner, décrit comme des mercenaires russes.
Elle a ajouté que les actions de Wagner « pourraient constituer des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité« .
Au cours de la vidéoconférence, Mme Dicko a exhorté les autorités maliennes à se « dissocier » du groupe Wagner. Elle a également évoqué le terrorisme rampant, les milliers de Maliens déplacés à l’intérieur du pays et l’insécurité alimentaire dans le pays.
Dans son communiqué, le Colonel Abdoulaye Maiga, porte-parole du gouvernement, a déclaré qu’Andali a recruté Dicko « pour jouer » le rôle d’une frondeuse se présentant comme une représentante de la société civile malienne.
Il a ajouté que Kisal est une organisation étrangère qui n’est pas reconnue par le gouvernement et n’a pas le droit d’opérer au Mali. Aminata Dicko a cependant été invitée par le Japon qui a présidé le Conseil de sécurité en janvier.
Enquête sur les atrocités
Le 31 janvier, à la suite du briefing du Conseil sur le Mali, les experts de l’ONU ont demandé une enquête indépendante sur les éventuels crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis par les forces gouvernementales et l’entrepreneur militaire privé russe, Wagner Group, au Mali.
Depuis 2021, les experts ont reçu des récits persistants et alarmants d’exécutions horribles, de fosses communes, d’actes de torture, de viols et de violences sexuelles, de pillages, de détentions arbitraires et de disparitions forcées perpétrés par les forces armées maliennes et leurs alliés.
Le groupe d’experts indépendants a fait part de ses préoccupations concernant ces allégations directement au gouvernement malien.
Andali a dirigé la division des droits de l’homme de la MINUSMA depuis sa création en 2013. Il a failli être expulsé il y a six mois.
L’année dernière, Oliver Salgado, le porte-parole de la MINUSMA, a été expulsé du Mali. Tout comme Joël Meyer, l’ambassadeur de France, en 2022 et Hamidou Boly, le représentant de la CEDEAO, en 2021.