Au football, les titres se gagnent au printemps. C’est un fait. Mais pour arriver dans le money time ses ambitions intactes, il faut rester dans la course jusqu’à la fin de l’hiver et être idéalement placés au moment du sprint final.
Bien sûr, les points se gagnent sur le rectangle vert. Mais la saison, les victoires ou les défaites qui la jalonnent, se façonnent aussi, et parfois surtout, ailleurs, dans les bureaux des dirigeants de club, dans les couloirs et salles de réunion des instances du football français, ou dans les cars régie de l’assistance vidéo à l’arbitrage.
Un mercato offensif
Le plus souvent, le mercato hivernal est un marché de correction, permettant à des joueurs en manque de temps de jeu de trouver un nouveau challenge et à des clubs de combler quelques défaillances dans leur effectif. Mais d’habitude, les grandes manœuvres sont l’apanage du marché d’été. Toutefois, cette saison est particulière, puisque c’est la première interrompue par une coupe du monde. Cette singularité n’est pas passée sous les radars des maîtres ès mercato que sont Pablo Longoria et Javier Ribalta.
Ainsi, ont-ils continué à remodeler l’effectif pour le rendre le plus adapté aux principes de jeu de l’entraîneur qu’ils ont minutieusement choisi au moment de remplacer Sampaoli. Cette capacité à adapter le projet du club aux principes de l’entraîneur en place est tout à fait fascinante. La plupart des clubs considèrent que l’entraîneur doit adapter ses principes aux joueurs présents dans l’effectif au moment où ils prennent leur fonction et tentent ensuite de le satisfaire avec trois ou quatre recrues qu’il aura validées.

Lors de ce mercato hivernal, Luis Suarez, Gerson, Bamba Dieng ont été cédés définitivement. De leur côté, Pape Gueye, Isaak Touré et Salim Ben Seghir ont été prêtés pour gagner du temps de jeu. Dans le sens inverse, l’OM s’est qualitativement renforcé avec les arrivées de l’international ukrainien Ruslan Malinovskyi, la révélation surprise marocaine de la dernière coupe du monde Azzedine Ounahi et la pépite portugaise qui monte Vitinha. Si les choix offensifs correspondants à sa manière de faire jouer son équipe étaient limités lors de la première moitié de saison, ce ne sera désormais plus le cas pour Igor Tudor.
Surpasser le système arbitral
Depuis le début de saison, l’OM est victime de pannes ou silences en série de l’assistance vidéo à l’arbitrage (VAR). Surtout quand il s’agit d’analyser des situations à son avantage. Cela se produit quasiment à tous ses matchs. Hier encore, on aurait bien aimé que la poussette dans le dos de Tavares dans la surface de réparation niçoise soit analysée par la VAR. On aurait bien aimé également que Monsieur Turpin signale de lui-même cette faute évidente de Lotomba qui s’est déroulée sous ses yeux.
Monsieur Turpin n’a pas semblé non plus s’émouvoir quand Thuram fut l’auteur d’une semelle sur Gigot. Ce dernier ne recevant pas de carton jaune pour ce geste. Après les soins nécessaires au rétablissement du défenseur marseillais, le jeu a même repris avec une balle à terre, l’arbitre, entubeur professionnel de l’OM multirécidiviste, pourtant extrêmement bien placé, jugeant l’action licite. Je ne doute en revanche absolument pas que les mêmes actions subies par Mbappe, Neymar, Messi, Hakim, ou Ramos auraient été sanctionnées comme il se doit par un penalty, une expulsion de Lotomba et un carton jaune pour Thuram. Selon que vous soyez puissants ou misérables…
Mais doit-on être encore étonnés par le système arbitral français de cette iniquité quand de la désignation aux décisions sur le terrain en passant par celles du car régie de la VAR toute une organisation secrète et souterraine est entrée en mission ?! Certainement pas, mais l’habitude de ce genre de magouilles subies par l’OM depuis le milieu des années 90, ne doit pas nous empêcher de dénoncer ces agissements volontaires et répétés d’une poignée de dirigeants ayant détournés les instances et les sombres commissions qui font le football français.
Ainsi, il est impossible, pour mon esprit cartésien, d’imaginer que la désignation conjointe de messieurs Turpin, P(o)ignard, déjà épinglé la semaine dernière par votre serviteur pour son œuvre contre Monaco, et Bien soit issue de la main innocente du hasard. Tout comme il est difficile de croire que le silence du corps arbitral et son assistance vidéo lors du but de Messi, offrant la victoire au club du Qatar face à Toulouse, entaché par un hors-jeu évident de Marquinhos dans l’axe de la frappe de l’Argentin, est le fruit du hasard ou de l’incompétence.
« Il faut pénaliser les équipes qui gagnent du temps » Louis de Funès Kombouaré
Malgré tout, l’OM a su l’emporter assez facilement à Nantes mercredi dernier grâce à deux buts inscrits en 2e mi-temps. La première mi-temps olympienne a été assez neutre, les joueurs marseillais ayant du mal à mettre la justesse technique nécessaire au déséquilibre de la défense nantaise. Les mouvements étaient moins fluides sur les côtés, et, sur le côté droit en particulier, Tavares et Ünder donnaient le sentiment de prendre les mêmes espaces et ne pas se compléter l’un et l’autre. Tudor a corrigé cela un peu avant l’heure de jeu avec l’entrée de Clauss dans le couloir droit et le repositionnement de Tavares sur la gauche.
Aussitôt fait, cela s’est avéré immédiatement décisif, puisque Tavares, perçant l’axe nantais depuis son côté gauche, surpris tout son monde en ne frappant pas au but, comme de coutume, et en servant admirablement Cergiz Ünder dans la surface de réparation. Ce dernier est empêché dans sa tentative par l’intervention de João Victor qui marque toutefois contre son camp (csc). C’est donc un nouveau but inscrit par le fameux csc qui est le deuxième meilleur buteur de la saison pour l’OM avec 5 csc provoqués.
Maître de son sujet canari, l’OM inscrira dans le temps additionnel un deuxième but par l’un de ses nouveaux joueurs Ounahi entré à un gros quart d’heure de la fin du match pour disputer ses premières minutes sous ses nouvelles couleurs. Et quel but ! L’international marocain aux jambes de grives, lancé par un merveilleux extérieur du pied de Clauss, a littéralement donné le tournis à Girotto en enchaînant feintes de frappe, crochets intérieur et extérieur avant de tromper le gardien nantais pour inscrire son premier but olympien.
Peut-être souhaitait-il subir une plus lourde défaite, ou bien s’est-il pris pour un autre nantais dont la comédie était le métier, Louis de Funès, mais Antoine Kombouaré a cru bon d’attirer l’attention à la fin du match sur la durée du temps additionnel du match qui était, selon lui, trop courte. Sans doute est-ce-t-il le seul écran de fumée qu’il a trouvé pour éviter d’expliquer devant les journalistes, de manière froide et objective, l’infériorité de son équipe face à celle de l’OM.
Nice en trouble-fête
En clôture de la 22ème journée de Ligue 1, l’OM recevait hier l’OGC Nice en sachant que, parmi les rivaux, Lens avait concédé un match nul à Brest et que Rennes avait perdu contre Lille. Le stade Vélodrome rempli par 65 234 indéfectibles supporters marseillais soit la troisième meilleure affluence de son histoire comptait bien peser de tout son poids dans ce match et célébré une nouvelle victoire de leurs protégés.
Seulement, tout ne s’est pas passé comme prévu. Les Marseillais ne sont pourtant pas passés à côté de leur match, loin de là, mais une somme de détails contraires à leur objectif de victoire devait conduire l’OM vers sa 4ème défaite de la saison, la 3ème à domicile, mais la 1ère depuis le 22 octobre face au RC Lens. Une éternité.
Ces détails, c’est d’abord la qualité de la réponse niçoise au pressing fou mis par les joueurs phocéens. C’est aussi l’erreur d’Igor Tudor dans la composition de départ d’avoir réalisé autant de changements à des postes clés dans le jeu qu’il prône. S’il est louable que le coach marseillais ait voulu faire souffler des joueurs importants comme Sanchez ou Veretout, et donner du temps de jeu à Payet pour continuer à le concerner au maximum, le déroulement du match montre que cela a été certainement excessif, mal réalisé et que le choix du match pour titulariser le réunionnais douteux.
Vitinha est un joueur en forme et le titulariser ne me semble pas illogique. Mais associer ce changement, déjà important dans la structure de l’équipe tant l’attaquant portugais a un registre différent de Sanchez, au retour de Guendouzi dans le double pivot et de Payet dans l’animation offensive, c’était bien trop risqué et ambitieux de la part de Tudor.
Le match entre l’OM et Nice s’est révélé d’une intensité folle, digne de celle rencontrée habituellement en Ligue des Champions. Si bien que Dimitri Payet n’était plus en capacité de faire les efforts défensifs attendus dans le système de son entraîneur dès la demi-heure de jeu.
C’est dans cette période-là que se situe le seul moment fort niçois du match, ceux-ci ayant parfaitement exploité le trou béant laissé entre Payet et le double pivot Rongier Guendouzi pour se retrouver facilement face au but de Pau Lopez en position de frappe à 25 mètres. Cela se produira deux fois dans ce quart d’heure, avec deux frappes cadrées mal repoussées par le gardien olympien, un autre détail, qui n’a pas correctement été secondé par le repli défensif de ses coéquipiers bien trop tranquille, encore un détail.
Avant cela, entre les deux buts niçois, après ces deux buts, les joueurs marseillais ont poussé, provoqué, pressé, frappé pour revenir au score, voire mieux. Ils y ont tout mis. Sauf la réussite qui les a donc fuit dans les deux zones de vérité au contraire des niçois contrant 8 des 22 tirs marseillais par exemple. Les entrées de Malinovskyi et Sanchez remettront l’OM en ordre de marche dès le début de la deuxième mi-temps.
L’international ukrainien inscrira même son premier but à l’OM à l’heure de jeu. Le but égalisateur a été tout proche durant les 10-12 minutes suivantes tant la pression olympienne fut intense. Mais les Niçois auront le dernier mot avec un dernier but de Brahimi dans les dernières minutes scellant le sort de ce match palpitant.
Ce match, certes imparfait, ne doit pas remettre en cause le parcours accompli jusqu’ici par Tudor et ses hommes. Une statistique permet encore de relativiser cette contre-performance marseillaise, les xG. L’OM termine son match avec un xG de 2,4 contre 1,41 pour son adversaire niçois, confirmant ainsi que le match s’est joué sur l’efficacité défensive et offensive des niçois qui ont surperformé lors de ce match.
Le moment de vérité
Dans un parcours vers des objectifs élevés digne de l’OM, une défaite n’est pas tant préjudiciable si elle est suivie d’un rebond immédiat. Cette semaine est donc déjà capitale à ce titre. Elle l’est aussi, non pas parce que l’on joue contre Paris, mais parce qu’il s’agit de passer un tour supplémentaire en coupe de France ce mercredi.
Tudor a coché cette compétition dans les objectifs prioritaires. Les nombreux changements apportés dans son onze de départ contre Nice en sont le témoin évident. Mercredi donc, il n’y aura pas d’arrangements comme on dit à Marseille. Seule la qualification sera belle ! Peu importe l’adversaire, les absents, la manière, il faut que l’Olympique de Marseille ait son nom dans l’une des boules du tirage au sort des quarts de finale de la coupe de France.
Repartir de l’avant
Nul doute que le match prévu dès samedi à Clermont a joué dans la décision du turnover opéré par le coach croate de l’OM lors du match contre Nice. Ce sera le 3ème match en 6 jours pour les olympiens et on peut se demander quel était l’impératif qui a prévalu lorsque la commission des compétitions a décidé de programmer ce match samedi plutôt que dimanche, puisque ni l’OM, ni Clermont n’ont de match européen la semaine prochaine. Selon que vous soyez puissants ou misérables…
Là encore, il faudra repartir avec les 3 points et, fatigue ou pas, cela est parfaitement dans les cordes des Marseillais. Il sera alors temps d’imaginer poursuivre sur une belle série pour consolider la deuxième place avant de viser plus haut.
Cet enchaînement entre la capitale du pays et celle des Alpes révélera la capacité de l’Olympique Magnifique à se muer d’ici la fin de saison en Olympique des Merveilles !